24/10/2010 à 17h25 - mis à jour le 24/10/2010 à 17h31 | 495 vues |
Au bout d'un chemin "interdit" (voir plus loin)
Que les hommes se battent souvent pour leur esclavage comme s'il s'agissait de leur liberté est un fait. Ignorance ? Oui au départ. Ce n'est pas pour rien que dans le sud de l'Amérique, il était interdit d'apprendre à lire aux jeunes esclaves, même la bible... et ce n'était pas du flan, une jeune française récemment mariée à un sudiste en fit à l'époque douloureusement les frais, un "Autant en emporte le vent"... qui n'eut aucun succès.
Mais ensuite, il y eut l'enseignement libre et gratuit -mais quel enseignement?- En fait, les hommes aiment -du moins le leur a-t-on appris- les gagnants, les "forts" ou du moins ceux qui en donnent l'image, les histoires qui finissent bien. [Ne pouvant faire, croient-ils, que le juste fût fort, ils firent que le fort fût juste]. Non par flagornerie mais parce qu'ils jugent le fort plus à même de conduire le clan à la victoire contre l'ennemi menaçant, que cet ennemi existe ou qu'il soit pur fantasme suscité. C'est le fait d'un esprit, non pas borné mais "fait de bornes" : cet ennemi menaçant, ils ont du mal à le voir comme "interne"; c'est toujours l'autre, celui qui est en dehors des bornes qu'on lui a posées -ou qu'ils se sont posées eux mêmes-, le turc, le rom, l'arabe, l'étranger, non pas au pays mais aux normes, aux dictats, à cette loi immuable et non dite qui semble celle des cieux.
Ces bornes sont 1 la famille ou le couple -cela explique que parfois même des femmes ou des enfants maltraités ne se défendent pas contre leurs bourreaux voire minimisent les faits lors des procès-. 2 Le voisinage -dans des campagnes, on voit par exemple des tyrans de quartier accaparer en toute illégalité terres ou chemins sans que personne ne réagisse ... et une fois le fait "acquis", leur renforcement/enrichissement même les rendra plus ou moins inexpugnable, cercle vicieux-. 3 La région, la nation, le continent, la soi disant "race", la loi immuable non écrite etc... c'est le même processus en plus grand. Le tyran réussit littéralement à infiltrer l'esprit de ses victimes en leur faisant prendre ses intérêts pour les leurs -leur concédant parfois quelques miettes après leur avoir volé la baguette pour que cela dure.- C'est la charité.
Et là, cela n'a plus à voir avec l'illettrisme, mais avec la peur et... la politesse ou l'éducation inculquée aux enfants : il faut se montrer tolérants, gentils, aimables, au moins en apparence, avec le voisin, l'autre proche, sous peine d'être exclu, mis au ban du clan (la sanction biblique la pire après la crémation*). Le cas du filou transgresseur n'est jamais prévu : il n'existe pas. Du coup, on ne sait comment réagir lorsqu'il surgit, surtout en effet s'il semble puissant ou s'il le fait croire -et à force, cela devient vrai-. Lui a compris les rouages, c'est en somme un "mauvais élève" et ça lui réussit bien. Et si quelqu'un imprévisiblement s'y oppose, alors là ça devient du non prévu, fort inquiétant, ce n'est pas dans les livres, on est en roue libre, il va falloir se déterminer: on ne l'a pas appris. Résultat : on (ils) attendent pour voir qui sera le plus fort (y compris les victimes les plus directes). Et cet attentisme fait le lit du filou etc... Cercle vicieux. Que l'on peut rompre... à quel prix cependant.
Voici un cas, le microcosme parfois expliquant le macrocosme dont il n'est que la version soft. Soit un gus qui nouvellement arrivé dans un quartier de village -précisons le, un "étranger" en le cas- qui a accaparé un chemin communal, privatisant ainsi les bords d'une rivière. Cela se fit en plusieurs temps : d'abord des broussailles à l'orée, ensuite, quelques pierres -"tombées toutes seules, pensez, c'est complètement en déshérence, personne ne passe jamais" (!)-, ou des troncs d'arbres (!)... puis, un mur éboulé "tout seul" évidemment, et pour finir... un panneau interdisant carrément le passage, apposé en le cas avec l'accord d'une mairie... pas trop top dirons nous, sur la base que "le chemin est vraiment dangereux et si quelqu'un venait à tomber, ma foi, "ils" en seraient responsables n'est-ce pas?" Hypocritement, c'est une menace indirecte... soi disant dans l'intérêt des gens. Que pensez-vous qu'il advint ? Rien.
Soit un autre gus -précisons le, un enfant du village- qui voulut réparer les dégâts. Que pensez-vous qu'il advint ? Mitigé, tout le monde est d'accord en privé... mais personne au départ ne l'aide ni même ne se positionne clairement en public. (Ensuite si, un peu.) Il dut donc subir de la part du gus menaces, tentative de dépôt de plainte au sujet de... un chien, il fallait bien trouver quelque chose, harcèlement etc... Que pensez-vous qu'il advint ? Rien. La mairie refusa de réparer
malgré ses promesses. Trop cher. Et le village se trouva divisé. Combat de chefs, c'est bien là le problème, peu saisirent du moins ouvertement qu'il s'agissait du combat de tous...
Soit un "Kissinger" qui voulut "arranger les choses" car enfin "c'est dommage que dans un village il y ait de telles frictions, tout le monde devrait s'entendre, voyons voyons"... Précisons-le : il s'agit d'une des victimes ! Je cite : "il y a tant d'affairistes dans nos régions, il est à la limite de vendre et s'il vient un américain à sa place (?!) on ne sera pas gagnant." Là, ça devient cocasse : le mythe de l'affairiste -américain pour faire top-... entretenu par celui qui précisément EST l'affairiste en titre et présent.
L'histoire a son importance parce que justement il s'agit dans ce cas d'un "étranger" -et la région n'est pas réputée pour son ouverture- tandis que celui qui dut ferrailler pour réparer les dégâts est un enfant du pays par ailleurs écrivain et fort apprécié en principe : on voit ci transcendées les bornes même du "clan" par la loi immuable et non écrite qui semble celle des dieux, la loi de l'argent, du bluff et de la "puissance" -fantasmée en le cas, c'est ce qui rend l'affaire intéressante-. La "peur" inculquée... à des gens qui ne sont pas tant s'en faut des illettrés.
Alors voici : si on a tant de mal, en toute légalité, à faire valoir des droits aussi évidents lorsqu'on est dans la meilleure situation qui soit pour le faire... contre un out sider affairiste qui ne cache nullement son désir de profit -du moins avant la bagarre-... que dire dans d'autres cas?
Après deux mois de boulot. C'est simple...
Les gens tolèrent... ou même se battent en effet contre leur intérêt par conformisme, gentillesse, éducation, peur -mais en dernier- ... parce que les gens, c'est nous : il suffit de... si peu (mais ce "si peu" est parfois énorme lorsque les affaires sont anciennes, d'où la nécessité de réagir immédiatement) pour que cela change, en le cas, prendre un sécateur et dégager un accès... malgré menaces et/ou jérémiades à côté de soi. Et cela, même des riverains ayant pignon sur rue, anciens, attachés à leur terre, ne l'ont pas fait. Mais c'est fait tout de même. Mal fait mais fait. HL
* Puisqu'elle est celle de l'inceste selon qu'il concerne des frères et soeurs... ou belle mère-beau fils, la plus lourde étant paradoxalement celle-ci.
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