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lundi 1 novembre 2010

Manipulations et mutations imprévues


OGM et "mauvaises herbes" résistantes... "Parce que je le vaux bien !"



Cette jolie plante est une mutante, un "OGM" naturel, et une "tueuse"... elle est le résultat d'une sélection naturelle non prévue reliée à la sélection "artificielle" par l'homme qui a créé des OGM résistants aux insecticides... Elle aussi mais elle s'est "faite toute seule" en somme ! Une autre version de "parce que je le vaux bien!"


EXPLICATION


Le glyphosate, principe actif du Roundup

Le principe actif du Roundup -le glyphosate- agit en inhibant -en empêchant l'expression- une enzyme nécessaire à la plante. Si par manipulation génétique on confère chez des plantes utiles -coton, soja, maïs.. - une résistance au glyphosate -c'est le principe de l'OGM- alors la pulvérisation de l’herbicide sur un champ est censée détruire toutes les ''mauvaises herbes'' sauf l'OGM. C’est dire l’importance du marché que représente les OGM et Roundup pour Monsanto, leader mondial.
Sauf qu'en pratiquant ainsi, au fil des pulvérisations successives, les mauvaises herbes aussi vont s'adapter, ''sélectionnant'' et développant (toutes seules !) des souches résistantes au glyphosphate! C'est le principe de la sélection naturelle. On a là touché à un phénomène dangereux, le même que celui des bactéries et virus qui eux aussi s'adaptent aux antibiotiques, sélectionnant parmi leur population des résistants qui vont se multiplier et éliminer les non résistants : on aura ainsi créé des mutants redoutables que l'on ne pourra tuer par les antibiotiques connus. Il faudra par conséquent créer d'autres antibiotiques qui eux mêmes -si on les emploie intensivement- vont aboutir à des résistants etc etc... A cette course, parfois c'est le virus qui gagne : ainsi les morts de bébés à la maternité de Port Royal il y a 30 ans, infectés par un virus qui résistait à tous les antibiotiques connus. Il en va de même dans les champs.


La résistance s’organise : l'amaranthe de Palmer

Une étude publiée par l’Académie des sciences américaine du 19 janvier [1] (Voir un aperçu de l’article) montre comment l’amaranthe de Palmer a développé une résistance au glyphosate. En 2009, elle occupait au moins 250 000 hectares, essentiellement dans les états de Géorgie, du Tenessee, de la Caroline du Nord, de la Caroline du Sud et de l’Arkansas. Ce n'est que la conséquence très prévisible du principe de sélection darwinienne, l’application du glyphosate de manière exclusive sur des monocultures ayant sélectionné de souches résistantes chez les plantes indésirables. Cette résistance est confirmée chez 16 espèces. Le mécanisme s’apparente à celui chez le moustique Culex face aux insecticides organophosphorés. L’amaranthe de Palmer a amplifié le gène responsable de la synthèse de l’enzyme visée par l’herbicide, c’est-à-dire en le recopiant en plusieurs exemplaires au sein de son génome -certaines souches présentent jusqu’à 160 copies du gène-... caractéristique évidemment héréditaire. D’où, de l’aveu des auteurs y compris les chercheurs de Monsanto, une situation ''particulièrement problématique'' qui pourrait remettre en question la pertinence de la technologie Roundup Ready et plus largement celle de l’utilisation d’OGM.
Jérôme OZOUF


Après plusieurs années d’application constante des herbicides au glyphosate, la nature a réagi en développant de nouvelles ''super-mauvaises herbes'' qui ne peuvent être détruites. En Arkansas l’Amaranthus palmeri géants est capable de résister à toutes les pulvérisations de glyphosate que l'on peut faire et un agriculteur interviewé a dépensé près de 400.000 euros en trois mois dans une vaine tentative. Les nouvelles plantes sont tellement robustes que les moissonneuses-batteuses sont dans l’impossibilité de moissonner les champs et les outils à main se brisent en essayant de les couper.

 
En Arkansas, au moins 400.000 hectares de soja et de coton ont été envahis par ce nouveau fléau biologique mutant. Le ministère de l’Agriculture pro-OGM ment sur l’état réel des récoltes pour prévenir une révolte.
L’Amaranthus palmeri peut atteindre 2,4 mètres, résister à la forte chaleur, à la sécheresse prolongée et un seul plant peut produire 450.000 graines. De plus, son système racinaire épuise les nutriments du sol. Il peut envahir un champ entier en un an et certains agriculteurs ont été contraints d’abandonner leurs terres. Jusqu’à présent, en plus de l’Arkansas, il a touché la Géorgie, Caroline du Sud, Caroline du Nord, le Tennessee, Kentucky, Nouveau-Mexique, le Mississippi, et l’Alabama et le Missouri.
Les spécialistes de l’université de Géorgie estiment que seulement deux plants d’Amaranthus palmeri tous les 6 m dans les rangées de coton sont capables de réduire le rendement d’au moins 23 %.

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